Une banlieue, un soir d’hiver, des fumets s’échappent des immeubles environnants, trahissant quelques formes de vie. Sur ce modèle urbain, clairement défini par cette ambiance industrielle et froide, le dubstep a pris ses marques et s’est imposé comme un genre à part entière dans le monde électronique, tendance branchée, au carrefour de la techno, du broken beat et du dub. Beaucoup ont entendu parler de cet artiste appelé Burial, qui s’est démarqué par ce nouveau genre. Mais le dubstep est aussi le terrain de jeu de Martyn, trublion fantomatique arrivé en 2007 avec son label 3024 monté avec un de ses partenaires Erosie.
Deux ans après la première signature de son label voilà enfin le tant attendu Great Lengths, l’album de Martyn. Avant même de poser le cd sur la platine une chose attire notre œil averti : la pochette. En effet le design griffonné sur fond noir nous renvoie à un dessin animé, avec un drôle de petit bonhomme se cachant ou poussant un tas d’immondice, d’où un certain état d’esprit et un réel travail sur l’album, une chose que l’on apprécie d’autant plus que l’artiste nous paraît cool et professionnel.
Le travail de l’artiste est tout bonnement frais. Aux sonorités dubstep on y trouve beaucoup de charme et de vitalité, cette froideur que l’on connaît si bien aux morceaux de ce genre se retrouvent ici très édulcorés et représentent vraiment une flore ponctuées de sons ambiants et entraînants ; difficile de ne pas bouger la tête lors des premières pistes tellement le son nous paraît vivant et efficace.
On retrouve bien sûr le fameux Vancouver qui, tel un mastodonte, nous enivre avec sa ligne de basses lourde, presque comme une marche impériale sonnant le glas d’une défaite ; à contrario, relevant d’une fraîcheur étonnante, Little Things nous renvoie cette image d’une ville en constante évolution, animée par des millions de personnes, une sorte de Tokyo en perpétuel changement, idée d’une évolution en somme. Si ces morceaux paraissent pesants, il n’en est rien de Far Away, un morceau plus léger et plus aérien que ses confrères.
Martyn ne s’est pas contenté de faire des productions démontrant son talent, il y a ajouté une vision très personnelle, comme le montre le morceau These Words avec le chanteur dBridge, une version plus dirty et plus soulful où le vocal se mélange relativement bien avec l’instrumental. Is This Insanity relève également de la nouveauté puisqu’une aura tribale entoure le chanteur The Spac, un morceau futuriste hypnotique aux allures orientales.
Great Lengths est un album qui mérite l’attention de tous tant par le côté urbain que le côté humain. Martyn nous délivre des productions soignées et souligne un travail efficace parmi des sonorités de divers horizons. Empreinte géante marquant le monde dubstep, cette nouvelle arme de séduction massive est une pièce à conviction idéale pour les dubfloor électrisés comme pour les dancefloor agités.